Paludisme d’importation à P. falciparum associé à la consommation d’Artemisia à visée prophylactique : une alerte de santé publique - 09/05/19
Résumé |
Introduction |
Le genre Artemisia constitue une vaste famille de plantes comprenant Artemisia annua à partir de laquelle est extraite l’artémisinine, substance pharmacologiquement active contre Plasmodium. Il existe des dérivés semi synthétiques de l’artémisinine comme l’artésunate, l’artémether et la dihydroartémisinine (ou arténimol) qui constituent aujourd’hui les piliers des thérapeutiques antipaludiques ayant fait la preuve de leur efficacité. En dépit de l’absence d’efficacité clinique démontrée, l’utilisation de l’Artemisia à partir de cultures d’Artemisia annua et Artemisia afra (espèce ne contenant pas d’artémisinine) sous différentes formes (tisanes, gélules, préparations homéopathiques) est en expansion chez les voyageurs.
Matériels et méthodes |
Il s’agit d’une étude pilote rétrospective de 2016 à février 2019 de tous les cas de paludisme importés à P. falciparum associés à la prise d’Artemisia en prophylaxie qu’elle qu’en soit la formulation. Cette étude a été menée sous la forme d’un questionnaire diffusé sur les listes de diffusion de la SPILF et de la SMV.
Résultats |
Du 1er au 15 février 2019, nous avons colligé 12 cas d’accès palustres à P. falciparum sur la période d’étude avec quatre femmes et huit hommes : âge médian 37 ans (maximales 27–63 ans) ; 100 % des patients infectés lors d’un voyage en Afrique ; durée médiane de voyage 19 j (maximales 8–120 j). Onze patients ont consommé de l’Artémisia sous la forme de tisanes et 7/12 ont déclaré une observance complète avec plusieurs modalités de prise. La majorité des traitements par Artemisia ont été débutés dans le cadre d’une auto-prescription (9/12). L’obtention des préparations d’Artemisia s’est faite chez des herboristes/horticulteurs (7/12), sur place pendant leur voyage auprès de paysans cultivant la plante (2/12), par internet (2/12). La parasitémie médiane des accès palustres était de 0,5 % (maximales 0,01–13 %). Cinq cas de paludisme grave ont été traités par artésunate. Tous les patients ont guéri après administration d’un traitement curatif conforme aux recommandations françaises. Une insuffisance rénale chronique séquellaire été décrite dans un cas.
Conclusion |
En France, l’utilisation de l’Artemisia principalement sous forme de tisanes pour la prophylaxie du paludisme fait l’objet d’une promotion croissante d’associations relayées auprès du grand public. En l’absence d’études cliniques de méthodologie rigoureuse validant son efficacité, l’utilisation d’Artemisia naturelle est à proscrire comme en témoigne les 12 cas colligés dans cette étude pilote. Cette étude a pour objectif de sensibiliser les professionnels de santé et le grand public aux dangers des thérapies alternatives antipaludiques n’ayant pas fait la preuve scientifique de leurres efficacité.
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Vol 49 - N° 4S
P. S19 - juin 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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